Dans le sud-ouest de la France, un projet agrivoltaïque innovant illustre comment la production d’énergie solaire peut s’intégrer harmonieusement aux pratiques agricoles, tout en répondant à des enjeux concrets pour les éleveurs. Cette initiative, menée dans le Lot-et-Garonne, démontre que concilier élevage, bien-être animal et production d’énergie verte, est non seulement possible, mais bénéfique.
Éleveur de bovins à Bardos, dans les Pyrénées-Atlantiques, Xavier Cazenave gère un troupeau de 80 mères de race Aubrac. Depuis plus de 25 ans, il pratique la transhumance entre les Pyrénées et le Lot-et-Garonne. Mais ce mode d’élevage, bien que traditionnel, l’oblige à trouver chaque année des parcelles disponibles pour l’hivernage. « Les terrains ne sont pas à moi, je dois clôturer à l’automne et libérer les terres au printemps pour que les agriculteurs puissent semer », explique-t-il.

Face à cette difficulté, Xavier a vu dans l’agrivoltaïsme une opportunité nouvelle. En partenariat avec REDEN Solar, il a pris part à des expérimentations visant à tester la compatibilité entre élevage bovin et production solaire. « On a fait un premier essai à Moncrabeau avec des brebis, puis avec mes vaches. Tout s’est très bien passé. Il n’y a eu ni incident, ni dégradation », souligne-t-il.
Une expérimentation grandeur nature supervisée
Durant l’hiver 2022-2023, un essai grandeur nature a été mené sur un site de plus de 15 hectares dans le Lot-et-Garonne, sous le contrôle de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne. Des vaches Aubrac ont été installées sous des panneaux solaires mobiles, dans un espace aménagé pour concilier activité agricole et production d’énergie.
Le bilan est très positif : « Les vaches se mettaient à l’ombre naturellement, elles avaient de l’abri contre la pluie et le vent. Franchement, c’était comme si elles étaient en forêt », raconte Xavier. Aucun problème vétérinaire, pas de baisse de fertilité ni de comportement inhabituel. « On n’a pas eu une seule intervention vétérinaire à faire, ni sur les mères, ni sur les veaux. Tout s’est très bien déroulé », précise-t-il.
En plus des abris naturels fournis par les panneaux, plusieurs équipements ont été installés : brosses pour les animaux, parc de contention pour les soins, points d’eau. « On a tout mis en œuvre pour le bien-être animal, et l’équipe de REDEN a vraiment joué le jeu », insiste-t-il.
Un nouveau modèle d’élevage, sans transhumance
Pour Xavier Cazenave, ce projet marque un tournant. L’élevage ne dépend plus de la disponibilité incertaine de terres chaque hiver. « Ce site, c’est un point de chute. Je peux y rester toute l’année. C’est une vraie sécurité pour moi et pour mes bêtes », affirme-t-il.
En sédentarisant une partie de son activité, il évite les contraintes de la transhumance, gagne du temps et limite la pénibilité. « On supprime un stress logistique énorme. Et les bêtes sont biens. C’est le principal », résume-t-il.
Témoigner pour faire avancer la filière
Fort de cette expérience, Xavier a partagé son retour lors de conférences, notamment à l’Institut National de l’Énergie Solaire (INES). Il y témoigne de la réussite de l’agrivoltaïsme appliqué à son élevage : « Ce type de projet permet de garder la terre agricole, d’y maintenir une activité, et de produire une énergie propre. C’est gagnant-gagnant », conclut-il.