En Haute-Marne, Christian Courtier a choisi de redonner vie à 15 hectares familiaux en construisant un modèle agricole sobre, diversifié et transmissible.
Fils d’agriculteur, il a repris ces terres dans le cadre d’une reconversion professionnelle. « L’idée, c’était de les valoriser au mieux. Quinze hectares, ce n’est pas beaucoup, il fallait donc construire un modèle pérenne et cohérent », explique-t-il.
Son projet s’est construit autour d’un double objectif : donner une seconde vie à ces terres et préparer la future installation de son fils, qui souhaite à terme reprendre l’exploitation.
Diversification et logique économique
Conscient des contraintes liées à la taille réduite de son exploitation, Christian a choisi une voie originale : la production de raisin de table et de fruits rouges, complétée par un élevage ovin en développement.
Quand on a peu de surface, on doit faire ce qu’on aime, mais très bien, et trouver un modèle qui valorise au mieux chaque hectare », résume-t-il.
Une partie du raisin est commercialisée en circuit court, une autre transformée en raisin sec haut de gamme pour l’épicerie fine. « J’aime maîtriser toute la chaîne, de la production jusqu’à la valorisation », ajoute-t-il.

L’agrivoltaïsme comme solution globale
Le projet agrivoltaïque, développé avec Photosol, répond à deux logiques : économique et technique.
« Quand on part de zéro, financer seul les investissements est presque impossible. L’agrivoltaïsme permet de concentrer les moyens sur la production, tout en s’appuyant sur un partenaire pour l’infrastructure énergétique. »
Sur ses 15 hectares, environ 12 seront concernés, répartis entre des ombrières dédiées à la vigne et aux fruits rouges, et des zones destinées à l’élevage ovin. Les installations offriront une protection contre la grêle, les fortes chaleurs et les aléas climatiques, tout en améliorant le bien-être animal et la stabilité des rendements.
Elles permettront également de récupérer l’eau de pluie, une ressource que Christian souhaite réutiliser pour ses cultures : « À terme, l’objectif est d’être autosuffisant en eau. Dans un contexte de changement climatique, c’est un vrai atout. »
Un outil agronomique avant tout
Christian souligne un autre bénéfice souvent oublié : la réduction des traitements phytosanitaires.
« Les maladies comme le mildiou se développent surtout avec l’eau sur les feuilles et les coups de chaud. Sous ombrière, les conditions sont plus stables, l’humidité est maîtrisée, et le champignon ne se développe pas. »
Une approche qui renforce la qualité du produit et s’inscrit pleinement dans sa démarche bio et respectueuse de l’environnement.
Préparer la transmission
Son fils, passionné par l’élevage, commencera à travailler à ses côtés. L’objectif : que dans deux ans, son atelier ovin soit pleinement opérationnel et que l’exploitation tourne à plein régime.
« L’agrivoltaïsme nous aide à structurer un modèle viable, transmissible et cohérent. C’est un outil, pas une solution miracle, mais un vrai levier quand il est bien utilisé. »
Une vision constructive
Christian plaide pour une approche réfléchie et concertée des projets :
« Il faut construire un modèle autour de son exploitation, bien définir ses objectifs et avancer avec transparence. Quand le projet est solide, il trouve du sens, même auprès de ceux qui étaient sceptiques au départ. »
Il se réjouit d’ailleurs d’avoir pu échanger longuement avec des acteurs associatifs initialement réticents : « En comprenant la démarche, ils ont finalement soutenu le projet. »
« L’agrivoltaïsme, c’est un outil, pas une solution miracle. Mais utilisé à bon escient, c’est une vraie force pour l’agriculture et pour l’avenir des fermes. » conclut-il, convaincu d’avoir trouvé, avec son fils, une voie durable pour assurer la pérennité et la transmission de leur exploitation.