[Paroles d’agris] Relancer l’élevage grâce à l’agrivoltaïsme

Installé depuis 1998 sur la ferme familiale de Piney, dans l’Aube, Bertrand Patenotre cultive 170 hectares en grandes cultures, engagées depuis longtemps dans une démarche de conservation des sols. Ingénieur agricole de formation, il a d’abord exercé comme conseiller avant de reprendre l’exploitation.

Diversification et résilience

En 2007, Bertrand décide de se lancer dans l’élevage ovin pour valoriser les couverts d’interculture, tirer parti des repousses de graminées porte-graine et, surtout, redonner du sens à son métier.
« Je voulais réintroduire de la vie animale dans un système très végétal », explique-t-il.

Mais en 2019, un incendie criminel détruit sa bergerie et son troupeau. « J’ai tout arrêté, c’était trop dur à relancer. »
Malgré tout, l’idée de l’élevage n’a jamais disparu. En 2022, la rencontre avec Boralex ouvre une nouvelle voie : relancer un atelier ovin grâce à un projet agrivoltaïque pensé pour durer.

Un projet sur mesure et concerté

Le futur site s’étendra sur 43 hectares, actuellement en grandes cultures, qui seront reconvertis en prairies permanentes pour accueillir un nouveau troupeau.
Le projet a été conçu autour des besoins de l’élevage : 33 paddocks fixes, séparés par des haies basses et des clôtures grillagées, favoriseront la biodiversité et le bien-être des brebis.
Les panneaux, installés à une hauteur adaptée, protégeront les animaux de la pluie et du soleil tout en préservant la qualité des sols et la production fourragère.

« Le site est bien intégré : entouré de bois, sans voisin proche, et tout en restant à proximité de la ferme, il restera très discret dans le paysage », souligne Bertrand.

Dès le départ, le projet s’est construit dans une logique de co-construction locale. La mairie, la Chambre d’agriculture, la DDT et le Parc naturel régional ont été associés, et une réunion publique a permis de présenter la démarche en toute transparence.
« Ce qui m’a plu, c’est la qualité du dialogue avec Boralex et les institutions : on a avancé ensemble, sans jamais m’imposer un modèle. »

Transmission et avenir

À 64 ans, Bertrand prépare aussi la suite : Jean, jeune ingénieur agronome et fils d’un voisin, le rejoindra comme salarié avant de devenir associé minoritaire, puis repreneur.
« Sans les panneaux, je n’aurais pas pu relancer l’élevage, ni envisager de transmettre dans de bonnes conditions. »

Une démarche porteuse de sens

Au-delà de l’énergie, le projet redonne une cohérence agronomique et humaine à l’exploitation : maintien de l’élevage sur le territoire, sécurité fourragère, bien-être animal et transmission à une nouvelle génération.
« Pour moi, l’agrivoltaïsme, c’est une façon de préparer l’avenir : ancrer la ferme dans le territoire et dans la durée. »

Une illustration concrète de ce que défend la FFPA : un agrivoltaïsme d’abord agricole, au service des exploitations et des projets des agriculteurs.