[Paroles d’Agris] À Faverolles, l’agrivoltaïsme comme levier pour un élevage durable

Dans la commune de Faverolles, en Haute-Marne, le GAEC du Mausolée s’est lancé dans un projet agrivoltaïque, où panneaux solaires et vaches cohabiteront sur une vingtaine d’hectares. À la tête de cette exploitation familiale, Raphaël Pechiodat voit dans cette démarche une manière de préserver l’élevage sur un territoire à faible potentiel agricole.

Sur les 750 hectares que compte le GAEC, dont 600 en céréales et 150 en prairies, la rentabilité n’est pas toujours au rendez-vous. « Nous sommes sur le plateau de Langres, ici les rendements en blé atteignent à peine 30 quintaux à l’hectare certaines années. L’élevage, c’est ce qui nous permet de maintenir l’activité, mais ce n’est pas facile tous les jours », explique-t-il. En 2011, la ferme avait déjà franchi le pas du solaire, en installant des panneaux photovoltaïques sur ses bâtiments. Une décision qu’il juge aujourd’hui « très rentable et visionnaire ».

Mais les enjeux ne s’arrêtent pas là. Avec son frère et son fils, Raphaël Pechiodat gère une exploitation en pleine mutation, qui mise sur la qualité de la viande, distribuée notamment auprès d’un restaurant étoilé et d’un traiteur haut de gamme. Face à la pression climatique, à la fragilité des débouchés, et aux difficultés d’installation pour les jeunes, il fallait trouver de nouveaux leviers.


C’est à la suite d’un refus communal concernant un projet éolien que l’idée d’un parc solaire au sol a émergé. « Je suis aussi maire de la commune. Des porteurs de projets sont venus nous voir pour les éoliennes, mais la commune n’en voulait pas. En revanche, le solaire, c’est quelque chose qu’on connaissait, qu’on maîtrisait. Et ça pouvait vraiment servir la ferme », raconte-t-il.


Avec la société PNE, un projet a vu le jour : 20 hectares aménagés en huit paddocks pour un pâturage tournant ; Chaque paddock disposera de ses propres clôtures mobiles, abreuvoirs, et même zones de contention.


« Ce qu’on voulait, c’était un système qui reste flexible, qui puisse évoluer avec le temps. Dans 20 ans, je ne sais pas ce qu’on produira ici : du bœuf, du blé, peut-être du soja ou des kangourous… Mais on voulait que le projet soit réversible et qu’il ne nous enferme pas. »


Côté acceptabilité, le projet a bénéficié d’un accueil favorable sur le territoire. Grâce à une communication transparente, des réunions publiques ouvertes et un ancrage fort dans l’exploitation familiale, la démarche a suscité compréhension et adhésion. « Tout le monde savait ce qu’on faisait, comment, et pourquoi. Ce n’est pas un projet de spéculation, mais un outil concret pour maintenir une activité agricole là où elle tend à disparaître », souligne l’éleveur.


Le chemin reste néanmoins semé d’embûches. La parcelle est soumise à des contraintes environnementales et patrimoniales fortes. « On a dû faire de nombreuses études et justifier chaque chose, il faut beaucoup de patience et de détermination» .


Malgré tout, Raphaël Pechiodat reste confiant et motivé. « C’est un projet qui fait sens. Il est cohérent avec notre métier, notre territoire, et notre époque. L’agriculture doit innover pour survivre, mais sans se renier. C’est ce que nous essayons de faire ici, à notre échelle. »